PATRIMOINE MUSICAL
Les buts et objectifs de cette création/spectacle est de promouvoir les percussions, tambours et cymbales de tout le subcontinent indien, par le biais de l'association Gharial pour l’éducation et la musique.
A part les tabla largement répandus dans le monde et popularisés par de Grands Maîtres de la musique classique indienne (Ravi Shankar, Ustad Zakir Hussain, etc …), très peu de percussions traditionnelles et folkloriques, ainsi que d’instruments de percussion carnatic du Sud du pays sont véritablement connus en Suisse et en occident.
D’après ma constatation sur le terrain, la musique indienne subit, au bénéfice de la «Sacro-Sainte» évolution électronique de la musique, un désintéressement quasi total pour cette culture millénaire de la part de la jeune et nouvelle génération d’Indiens fascinés par le son uniforme et moderne que le monde leur impose.
Je souhaite, par mes compétences, connaissances précises et mon expérience du jeu de ces percussions, susciter un intérêt, des émotions, de la joie et de la beauté en Suisse, pour le monde désormais cosmopolite (nord/sud) dans lequel nous vivons.
Démontrer surtout que l’Inde possède sans aucun doute le plus vaste choix en matière d’instruments à percussion sophistiqués dans le monde pour un seul pays - contrairement aux idées préconçues que le rythme est l’apanage des pays du Sud.
Peu de multipercussionnistes exercent un programme de cette envergure en un seul spectacle, par un seul musicien.
Comprenez par là que la difficulté technique de chaque percussion, ainsi que la ségrégation culturelle et musicale du système castique indien impose un obstacle notable à la réalisation de ce genre de projet.
C’est sans compter bien entendu la superproduction extraordinaire du spectacle haut en couleurs de «Bharati», issu de la monumentale industrie cinématographique Bollywoodienne où l’on peut admirer une centaine de musiciens, chanteurs et danseurs, une fois dans l’année dans tout l’occident, mais jamais en Inde, où le monopole de la culture appartient de plus en plus à la télévision.
LA DEMARCHE
Cette démarche est aussi motivée par mes vingt années de pérégrination à travers l’Inde.
Au fil des ans et de part mes recherches ethnologiques et ethnomusicologiques, ce pays est devenu le mien.
Ses rites, règles, codes de conduite, ses savoir-faire coulent en moi naturellement comme une évidence. Il m’a fallu néanmoins maintenir une distance respectable, salutaire pour garder les pieds sur terre. Un pragmatisme indispensable pour me réhabituer plus tard à mon propre pays … la Suisse.
Je joue de manière aisée plus de vintg tambours indiens, en parallèle à ma formation de tabliste (passage des degrés dans deux grandes écoles officielles prestigieuses, cours quotidiens privés également sous la direction de deux Grands Maîtres de la musique classique indienne).
Jamais je n’ai ressenti de condescendance à mon égard du fait qu’en dehors de mes études je vivais dans des milieux de castes inférieures dans le seul but d’appréhender l’Inde profonde, artisanale et rurale et d’apprendre les musiques folkloriques, rythmes traditionnels, et de nombreuses percussions dans les rues ou villages de l’Inde. Tant d’occasions naviguent entre le sacré et le profane :
Chacunes d’elles m’a ouvert des chemins culturels merveilleux, des sentiers sociaux, inter-religieux à travers les couches de la population rurale et urbaine du nord au sud - de l’ouest à l’est.
TISSER DES LIENS
Ce kaléidoscope ethnique m’a permis, avec l’appui d’études linguistiques (hindi, ourdou, bhoshpuri et dialecte local du banarasi basa) de me situer dans cette culture, et, très humblement de tenter de réduire le fossé, voire de rapprocher les deux antipodes, du Brahmanisme à la «populasse» indienne.
Cette démarche spontanée, cette mise en danger permanente dans ce pays émergent et à la fois conservateur nous confronte à des incompréhensions de toutes parts et de toutes sortes. Cependant, la légendaire acceptation de ce peuple, au-delà des différences conjoncturelles, linguistiques, religieuses et sociétales a confirmé la légitimité que nous, occidentaux, hors caste, avions le droit et surtout la chance d’être multipercussionistes en Inde. Une implication sincère et discrète, voire une dévotion totale est nécessaire pour déjouer grand nombre de paradoxes liés au subcontinent.
En conclusion, jamais je n’ai eu la possibilité de jouer, simultanément et en concert, autant d’instruments, puisque je n’y voyais aucun sens à le faire en Suisse.
Un challenge, le projet d’une vie que je serais heureux et motivé de mener à bien.
LE SAVOIR-FAIRE
Je suis facteur d’orgues de profession. J’ai eu la chance de participer à la construction et la restauration d’orgues dans toute la Suisse (les Grandes Orgues de la Cathédrale de Sion, Bâle, Orgue de Valère également). La manufacture d’instruments ne m’est pas étrangère et j’ai pu apprécier le savoir-faire indien dans ce domaine.
Un film a d’ailleurs été réalisé en 2001 en co-réalisation avec le cinéaste K-Soul Cherix Babulal Nagara Master qui narre l’histoire d’un joueur de nagara réputé qui jouait à la cour du Maharajah Kashi Naredj de Bénarès. Ses cinq fils fusionnaient des combats martiaux (bâton, épées et boucliers, jeux pyrotechniques) avec les nagara, le tambour conique millénaire et le plus ancien de l’Inde.
Ayant vécu de nombreuses années dans leur famille, j’ai participé à la confection des tambours dapli, nakara, dhol, jil avec les musiciens. Un fait rarissime, car le travail de la peau n’est généralement pas effectué par des musiciens qui sont issus d’une caste différente. Ce clivage met alors en évidence la notion notoire du pur et de l’impur chez les hindous très respectée quelle que soit la caste. Que dire dès lors des tabla classiques réservés à l’élite ?
LA PRATIQUE
Une particularité notable et caractéristique à tous les instruments de la musique en Inde, c’est la pratique : tout tambour peut être joué en solo.
En musique classique indienne cette notion de pratique (riyaz) est primordiale quel que soit l’instrument. Cette musique est exigeante car elle façonne des solistes d’une virtuosité rare. Quinze à vingt années d’une pratique assidue, quotidienne et intensive sous la direction du Maître sont nécessaires à l’élaboration, la connaissance des répertoires du tabla solo, ainsi que tous les instruments mélodiques pour l’improvisation de raga. Cela peut paraître extrême quand les grands «Wizard, Ustad ou Pandit» pratiquaient plus qu’ils ne dormaient. Citons au passage Pdt Anokhe Lal Mishra et Ustad Ahmed Jaan Tirakwa : respectivement 16 heures et 12 heures de pratique quotidienne des tabla durant toute leur vie ! Grâce à leur dévotion totale «tapasiah» et à une discipline stricte ils ont été « béatifiés » par leurs pairs et élevés au niveau de Saint en Inde bien après avoir reçu les awards et les titres suprêmes notamment le «Padma Bhushan » par le gouvernement.
La pratique est donc emblématique dans ce pays pour qui la culture et les arts rayonnent en prédominance dans sa philosophie.
Je pratique les tabla classiques depuis plus de vingt ans à travers l'Inde et l'Europe. Les tabla ont été créés avant tout pour le solo à travers six styles "Gharana" : Delhi, Luknow, Farukhabad, Arjarada, Punjab et Banaras. Des milliers de compositions ont été écrites et leurs développements sont infinis, vu qu’ils traitent la mathématique, l’algèbre, le langage, les onomatopées, la poésie, les émotions, les taals (temps rythmiques : 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16 temps etc…).
Au fil des ans, l’artiste rentre alors dans une sphère quasi-mystique ; une distance par rapport à la vie active, sociale et économique en est la conséquence.
Un individualisme, une réalisation du «soi» sans auto-identification en devient le fruit.
Sans en faire l’apologie, les systèmes rythmiques du subcontinent indien, la qualité de la musique dépassent parfois l’entendement au niveau émotionnel et, suivant les artistes, repoussent, surtout en tabla, les limites humaines en matière de vélocité.
LE DEROULEMENT DU SPECTACLE
Deux concerts différents seront indispensables à ce projet en raison du sens et de la commodité du jeu pour un solo. La scène sera magnifique en termes d’esthétisme : plus de 20 percussions de belle facture seront mis en lumière, elles seront les acteurs du spectacle.
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DRUMS OF INDIA
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TABLA SOLO
DRUMS OF INDIA
Le tambour représente la quintessence primaire de toute culture dans le monde. Une valeur intrinsèque, essentielle à toute étude ethnographique et anthropologique.
Un splendide voyage de 3000 km à travers l’Inde, avec solo et accompagnement d’une vingtaine de tambours, percussions, cymbales, voix, et instruments mélodiques.
Le fil conducteur sera le rythme et chaque tambour sera mis en évidence.
Pour garder le lien du voyage, le spectacle n’aura aucune interruption durant 1h30. Les respirations effectuées serviront de transition d’un Etat indien à un autre en accompagement de musique traditionnelle spécifique à la contrée.
Quatre morceaux seulement feront partie de ce programme, ils seront enchevêtrés d’arrangements rythmiques solides, inclus entre les démonstrations tambourinaires tous azimuts, de l’ouest à l’est et du nord au sud de l’Inde.
TABLA SOLO
Dans ce tabla solo, cinq Gharana (styles) seront représentées en tintal (16 temps) et en dadra taal (6 temps)
Ce programme de solo performance dure 1h30 également.
Le tabla récital est de la musique classique indienne réservée à l'élite. A eux seuls ils représentent une culture toute entière et en matière de solo ils sont les plus difficiles et aboutis de toutes les percussions du monde. Pour cette raison les tabla seront dissociés des autres percussions. Il en est ainsi.